Rencontres chorégraphiques de Carthage 2022 : Clôture en beauté…
Dans la joie, la 4e édition des Journées chorégraphiques de Carthage s’est clôturée ce soir. Édition qui a tenu toutes ses promesses artistiques et qui a été placée sous le signe des retrouvailles et de la créativité.
Bien rythmée, comme toutes les journées du festival, la clôture a été une nouvelle et dernière opportunité pour que le grand public puisse découvrir et également admirer des créations qui ne manquent pas d’originalité. Des créations qui défendent une idée et qui portent des projets.
Dans son « Deuxième souffle », Nesrine Benarbia a dansé pour oublier ses maux, pour oublier ces regards et ces mots dénigrants… Voix de ces Tunisiennes sans voix, l’artiste-chorégraphe a choisi de porter sur scène une série d’interrogations et de constats amers sur la condition de la femme tunisienne aujourd’hui, sur ces femmes qu’on continue à les rabaisser, à négliger leur rôle dans la société… Témoin de son temps, l’œil critique et l’esprit libre, Nesrine Benarabia a dansé sur la scène d’El Hamra pour ses femmes qui mènent des combats sur tous les fronts pour vivre dignement.
Le 2e rendez-vous pour cette journée de clôture a été avec l’artiste Nawel Skandrani et sa nouvelle création « Black and white circus ». D’une durée de deux heures, cette œuvre a constitué un passionnant voyage dans divers univers artistiques avec comme d’ordre passion, jeunesse, rêve… Basé sur un travail colossal sur les costumes, la musique, le décor et surtout sur les performances physiques des artistes, le spectacle de Nawel Skandrani a su tenir en haleine l’assistance. Voyage poétique, ludique et néanmoins grinçant, « Black and white circus » est une œuvre qui bannit les frontières et les classifications pour être un show complet où la danse dialogue avec le théâtre, la vidéo mapping, le cinéma et les arts du cirque pour raconter la discrimination et s’interroger sur le statut de l’artiste.
Cerise sur le gâteau a été avec « Akzak, l’impatience d’une jeunesse reliée », la nouvelle création du duo Héla Fattoumi et Eric Lamoureaux dont la création remonte à 2020 et dont la programmation a été impossible à cause de la pandémie et les annulations des spectacles et les restrictions sanitaires liées au voyage.
Portés par cette joie de pouvoir enfin rencontrer le public, de danser à Tunis, les danseurs de « Akzak » ont bel te bien investit la scène du théâtre de l’opéra, dansant sur les rythmes de Xavier Desandre Navarre, percussionniste virtuose. Ils ont été douze danseurs venus de France et d’Afrique : Burkina Faso, Égypte, Maroc et Tunisie à raconter sur scène l’importance de cette rencontre. S’appuyant sur des cultures et des origines différentes, ils réinventent une énergie collective et fraternelle qui cimente la cohésion du groupe. Ensemble, ils font surgir une gestuelle puissante, une danse sensible, rapide, en suspens. Et laissent jaillir l’évidence des corps dans leur simplicité, inscrivant la pièce dans une dimension politique de solidarité, de fraternité entre les peuples et entre la communauté de danseurs, les artistes à travers les tableaux collectifs comme les solos ont lancé un appel: « il faut savoir écouter l’autre ».
Rappelant ces moments de joie, d’échange fructueux et de retrouvailles qui ont marqué cette édition, le directeur artistique de la 4e édition des Journées chorégraphiques de Carthage Selim Ben Safia n’a pas caché son bonheur, promettant d’aller encore loin et saluant ceux qui ont contribué à la réalisation de ce rendez-vous.
Il est ainsi à rappeler que la 4e édition qui a eu lieu du 11 au 18 juin a vu la programmation de 24 créations chorégraphiques dont 13 Tunisiennes et d’une série de rencontres professionnelles (7) et de workshops (7) tout au long du festival offrant aux artistes tunisiens l’occasion d’affûter leurs talents et d’entrer en interaction avec le public comme avec les programmateurs des festivals internationaux. Cette édition a constitué une importante plateforme d’échange sur des questions artistiques et chorégraphiques d’actualité telles que la mobilité des artistes à l’ère post-covid, le statut de la femme artiste dans le monde arabe, la question de l’identité lors de l’écriture chorégraphique.
Communiqué