Les traces d’Ibn Khaldoun, grand sociologue du XIVe siècle, subsistent dans la médina de Tunis

Dans le dédale des ruelles étroites et animées de la médina de Tunis, la présence du grand sociologue Ibn Khaldoun est encore palpable. La mémoire de cet érudit, né à Torbet El Bey le 1er Ramadan, soit le 27 mai 1332, est soigneusement préservée et honorée en Tunisie, à la fois fier de son patrimoine historique et culturel.

Au 33 rue Torbet El Bey, une plaque de marbre rappelle le lieu de naissance de ce précurseur de la sociologie moderne. Cette inscription, gravée dans la pierre à quelques pas de l’endroit où la maison d’Ibn Khaldoun se dressait jadis, évoque l’importance de son legs pour la Tunisie et le monde entier.

Non loin de là, une autre plaque murale indique l’emplacement de la mosquée où le jeune Ibn Khaldoun a fait ses études. C’est dans cet environnement d’apprentissage intense et d’échange intellectuel que le futur penseur a développé ses idées qui ont marqué l’histoire de la sociologie.

Ibn Khaldoun, dont le nom complet est bou Zeid Abd er-Rahman Ben Mohamed Ben Khaldoun el-Hadrami, est considéré comme l’un des plus grands penseurs de son époque et le fondateur de la sociologie politique, il est mort au Caire le 17 mars 1406. Son œuvre la plus célèbre, « Al-Muqaddima » ou « Introduction », est reconnue comme l’un des premiers ouvrages traitant des sciences sociales. Dans ce livre, Ibn Khaldoun explore des sujets aussi variés que l’économie, la politique, la sociologie et l’histoire.

Né en Tunisie, dans une famille d’origine andalouse, Ibn Khaldoun a vécu et travaillé dans de nombreuses régions du monde islamique, de l’Afrique du Nord à l’Andalousie, et même en Égypte, où il a terminé ses jours. Tout au long de sa vie, il a occupé plusieurs postes de haut rang.

La Tunisie, terre natale d’Ibn Khaldoun, honore ce fils prodige par la préservation des lieux emblématiques de son parcours d’apprentissage. En déambulant dans la médina de Tunis, les visiteurs peuvent ainsi suivre les traces de ce grand penseur et ressentir la puissance de son héritage.

Le souvenir d’Ibn Khaldoun reste vivant à travers ces marques tangibles, qui témoignent de l’influence durable de cet érudit sur la sociologie moderne. Elles rappellent à tous l’importance de préserver et de valoriser notre patrimoine culturel, comme le font si bien les habitants de la médina de Tunis, gardiens du souvenir d’Ibn Khaldoun.

La statue d’Ibn Khaldoun à Tunis : un symbole de l’indépendance culturelle tunisienne

Dominant l’intersection entre l’avenue Habib Bourguiba et l’avenue de France, au cœur de Tunis, se dresse la statue majestueuse d’Ibn Khaldoun. Postée entre la cathédrale de la Rue de Rome et l’ambassade de France, cette sculpture grandiose rend hommage à l’un des plus grands penseurs du XIVe siècle, qui est également considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie.

Cependant, cette statue ne représente pas seulement l’héritage d’un homme, mais est également un symbole puissant de l’indépendance culturelle de la Tunisie. Selon certains historiens, l’emplacement précis de la statue n’a pas été choisi au hasard. Le premier président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, aurait intentionnellement placé cette statue dans cette position stratégique.

Située face à l’ambassade de France, la statue d’Ibn Khaldoun est un rappel puissant et délibéré de l’identité culturelle et de la fierté nationale tunisiennes. Elle commémore un sage natif du pays, qui a profondément influencé la pensée mondiale, malgré les surnoms péjoratifs d' »indigènes » que les colonisateurs français attribuaient autrefois aux Tunisiens.

La statue d’Ibn Khaldoun se dresse donc comme un défi à la notion coloniale que les Tunisiens auraient besoin d’être « civilisés ». Elle représente une réponse visuelle aux tentatives de marginalisation et d’infériorisation de la culture tunisienne durant l’époque coloniale. Elle réaffirme avec force que la Tunisie a sa propre histoire riche, ses savants respectés et ses traditions vénérables.

L’image d’Ibn Khaldoun, debout et imposant, sert donc de rappel constant aux passants de la riche histoire intellectuelle de la Tunisie et de sa résilience face à l’adversité. La statue est aussi un symbole de la détermination du peuple tunisien à revendiquer sa place dans l’histoire, à la fois en se rappelant des grandes figures de son passé, mais aussi en tracant son propre chemin vers l’avenir.

En fin de compte, la statue d’Ibn Khaldoun est bien plus qu’une simple représentation d’un homme. C’est un monument à la culture, à la résilience et à l’indépendance du peuple tunisien, et un rappel que, malgré les défis du passé et les obstacles de l’avenir, la Tunisie demeure une terre de sagesse et d’innovation.