Hommage à Abdelhafidh Mansour : Une Vie Dédiée à la Préservation du Patrimoine Culturel et Scientifique Tunisien
La Bibliothèque Nationale de Tunisie a été le théâtre, le samedi 25 novembre 2023, d’un événement solennel en mémoire d’Abdelhafidh Mansour, membre fondateur de la Société Tunisienne d’Histoire de la Médecine et de la Pharmacie (STHMP), décédé le 14 octobre 2023.
Déroulement de l’Hommage
Khaled Kchir, Directeur de la Bibliothèque Nationale, a ouvert la cérémonie en retraçant le parcours exceptionnel d’Abdelhafidh Mansour. Né le 11 décembre 1932 à Ksar Helal, Mansour a commencé sa carrière auprès des érudits d’El Zeitouna se forgeant un chemin remarquable dans le monde académique et la recherche.
Un Parcours Académique et Scientifique Éminent
Mansour, paléographe et chercheur éminent, a consacré près de six décennies à la protection des manuscrits rares et anciens. Ses travaux couvraient un large éventail de disciplines, y compris la médecine, la pharmacie, la médecine vétérinaire et la fauconnerie.
Un Engagement pour la Préservation du Patrimoine
Il a joué un rôle clé dans l’organisation des manuscrits de la bibliothèque de la Manouba, qui ont ensuite migré à Souk Al Attarine. Cette mission, qu’il considérait comme un acte de patriotisme, a révélé la grandeur de la Tunisie au monde.
Un Pont entre le Passé et le Savoir Contemporain
En tant que liaison entre les savants du passé et le savoir contemporain, Mansour a non seulement enseigné dans les lycées, mais a aussi renforcé son savoir auprès de personnalités telles que Taher Ben Achour, son fils Fadhel Ben Achour, et la famille Enneifer. Son réseau s’étendait également à des chercheurs de renom comme Hassan Hosni Abdelwaheb.
Intervention du directeur de la Bibliothèque Nationale Khaled Kchir :
Lors de l’hommage rendu à Abdelhafidh Mansour, Mme Chedlia Ben Youssef, directrice de la Société Tunisienne d’Histoire de la Médecine et de la Pharmacie (STHMP), a exprimé sa gratitude envers Khaled Kchir, directeur de la Bibliothèque Nationale, pour l’organisation de cet événement commémoratif.
L’Allocution de Mme Chedlia Ben Youssef : Dans son discours, Mme Ben Youssef a souligné l’attention méticuleuse aux détails et la rigueur académique caractérisant le travail de Mansour. Elle a mis en avant son rôle en tant que membre fondateur de la STHMP, soulignant son dévouement à présenter des travaux de recherche précis et approfondis.
L’Accent sur la Médecine et la Fauconnerie : Mme Ben Youssef a également évoqué l’intérêt particulier de Mansour pour la médecine, la médecine vétérinaire, et plus spécifiquement la fauconnerie. Ces domaines de recherche, selon elle, témoignent de la passion et de la curiosité intellectuelle de Mansour, et de son engagement à explorer des aspects uniques du patrimoine culturel et scientifique tunisien.
Intervention de la Présidente de la STHMP Chedlia Ben Youssef :
Lors de la cérémonie commémorative pour Abdelhafidh Mansour, l’universitaire Abdellatif Abid a offert un discours profond, revenant sur les moments marquants et l’impact considérable de Mansour dans le domaine académique et culturel.
Le Discours d’Abdellatif Abid : Abid a débuté son allocution en se remémorant sa première rencontre avec Mansour à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis du 9 Avril. Cette rencontre, survenue il y a plusieurs décennies, a marqué le début d’une relation professionnelle et intellectuelle fructueuse.
Un Parcours Académique et Culturel Remarquable : Abid a retracé le parcours académique impressionnant de Mansour, depuis son diplôme de la Mosquée Zeitouna jusqu’à sa maîtrise obtenue à l’Institut Supérieur de Théologie de l’Université Ezzitouna. Il a souligné l’importance de la collaboration précoce de Mansour avec M. Taher Ben Achour, une figure éminente de la pensée tunisienne.
La Résilience face aux Défis : Abid a également abordé la période difficile de transition en Tunisie, où les tensions entre les influences francophones et les traditions tunisiennes étaient palpables. Malgré ces défis, Mansour est resté inébranlable dans son engagement à préserver et à promouvoir l’identité culturelle et académique tunisienne.
Intervention de l’universaire Abdellatif Abid :
Cherifa Ammar, veuve de Sleim Ammar et amie proche de la famille Mansour, a partagé un discours touchant, retraçant l’influence et l’engagement du chercheur disparu.
L’Allocution de Mme Cherifa Ammar : Mme Ammar a exprimé sa profonde tristesse face à la perte d’Abdelhafidh Mansour, soulignant le rôle crucial qu’il a joué en tant que chercheur et historien. Elle a évoqué sa capacité unique à « écrire l’histoire à sa manière », en remontant le temps à travers ses recherches.
L’Attachement de Mansour à son Identité Tunisienne : Mme Ammar a souligné l’attachement profond de Mansour à son identité tunisienne, illustré par son choix vestimentaire à porter des habits traditionnels. Cet aspect de sa personnalité reflète son engagement envers la culture et l’histoire tunisiennes.
Un Centre de Savoir et de Discussion : La maison Ammar est devenue, sous l’influence de Mansour et du défunt Sleim Ammar, un lieu de rencontre et de débat intellectuel intense. Ces échanges, souvent prolongés pendant des heures, témoignent de la passion et du dévouement des deux hommes pour leur travail de recherche.
Un Héritage de Manuscrits et de Vérité : Mme Ammar a fait référence à la gestion par Mansour de 42 000 manuscrits, le qualifiant d' »orfèvre des manuscrits » et de gardien de la vérité sociale et historique. Ce travail colossal témoigne de l’importance de Mansour dans la préservation et la transmission du patrimoine tunisien.
Intervention de Mme Cherifa Ammar :
Introduction à l’Intervention de Fatma Lakhdhar : Fatma Lakhdhar, membre respectée de la Société Tunisienne d’Histoire de la Médecine et de la Pharmacie, a offert un hommage unique à Abdelhafidh Mansour, soulignant l’ampleur de son héritage.
Le Discours de Fatma Lakhdhar : En ouvrant son intervention par des vers poétiques, Fatma Lakhdhar a apporté une touche littéraire émouvante à l’hommage rendu à Abdelhafidh Mansour. Elle a souligné avec une grande admiration l’impact indélébile laissé par Mansour dans l’histoire de la Tunisie.
L’Héritage de Mansour selon Lakhdhar : Rejoignant la STHMP en 2010, Lakhdhar a témoigné du travail impressionnant et du vaste répertoire que Mansour a laissés derrière lui. Elle a mis en lumière le niveau de concentration et de dévouement requis pour réaliser un tel corpus de recherche, soulignant que cela représente des années de travail assidu et méticuleux.
La Profondeur et l’Étendue des Recherches de Mansour : Lakhdhar a calculé que les recherches de Mansour, s’étendant sur plusieurs pages, représentaient soixante ans de labeur. Certaines pages, a-t-elle précisé, nécessitaient des jours entiers de travail et de recherche, témoignant de la grandeur et de la rigueur de son travail.
Intervention de Fatma Lakhdhar, Membre de la STHMP :
Ahmed Dhiab, membre éminent et co-fondateur de la Société Tunisienne d’Histoire de la Médecine et de la Pharmacie (STHMP), a pris la parole lors de l’hommage à Abdelhafidh Mansour, offrant un aperçu profond des principes et de l’héritage de Mansour.
La Philosophie de Mansour selon Ahmed Dhiab : Dhiab a mis en lumière la conviction fondamentale de Mansour : « Ce qui est manuscrit est vérité ». Cette maxime, qui a guidé la vie et le travail de Mansour, est devenue un principe central pour les membres de la STHMP.
Un Engagement pour la Langue Arabe et la Culture : Ahmed Dhiab a rappelé son travail aux côtés de Mansour depuis la fondation de la STHMP en 1991. Ensemble, ils se sont dédiés à la traduction en arabe de nombreux manuscrits, contribuant ainsi à la préservation de la langue et de la culture arabes face à l’influence de la francophonie.
La Création de la STHMP : Dhiab a également retracé les débuts de la STHMP, soulignant la vision et l’engagement des membres fondateurs. Il a évoqué la formation de la société comme un jalon important dans la protection et la promotion de l’histoire de la médecine et de la pharmacie en Tunisie.
Intervention d’Ahmed Dhiab, membre fondateur de la STHMP :
Dans un discours à la fois bref et incisif, M. Hamza Essaddem a établi un parallèle remarquable entre Abdelhafidh Mansour et Taher Haddad, deux figures emblématiques de la culture et de l’histoire tunisiennes. Essaddem a décrit Mansour comme un précurseur, un pionnier dans la lutte pour l’identité nationale de la Tunisie.
La Lutte contre l’Effacement Culturel : M. Essaddem a souligné que le travail de Mansour était une réponse directe aux tentatives du colonisateur français d’effacer l’identité tunisienne pendant le protectorat. Il a invoqué les paroles d’Albert Memmi, « Faire sortir le Tunisien du temps, faire sortir le Tunisien de l’Histoire », pour illustrer l’impact du colonialisme sur l’identité tunisienne.
Une Œuvre au Service de l’Identité Nationale : Le travail de Mansour est décrit comme une quête pour préserver et promouvoir l’identité tunisienne, un acte de résistance culturelle et de libération nationale. Sa démarche était fondamentalement ancrée dans la construction et l’affirmation de l’identité tunisienne.
Un Héritage Durable : M. Essaddem a conclu en affirmant que Mansour sera rappelé comme un homme visionnaire, un phare éclairant le chemin des générations futures. Sa contribution à la culture tunisienne ne se limite pas au passé, mais continue de façonner l’avenir du pays.
Intervention de M. Hamza Essaddem :
La commémoration d’Abdelhafidh Mansour à la Bibliothèque Nationale a été l’occasion de célébrer non seulement un chercheur éminent, mais également un pionnier dans la préservation du patrimoine culturel et scientifique de la Tunisie. Les interventions de personnalités comme Abdellatif Abid, Mme Cherifa Ammar, Ahmed Diab et Mme Chedlia Ben Youssef ont mis en lumière la profondeur de son engagement, son dévouement à la vérité, et son impact indélébile sur le domaine de l’histoire de la médecine et de la pharmacie, ainsi que sur des sujets spécifiques comme la fauconnerie.
Son parcours, marqué par la rigueur académique et une passion inébranlable pour la préservation de l’identité tunisienne, fait de lui une figure emblématique et un modèle pour les futures générations. Mansour a su allier son expertise en paléographie avec un sens profond du devoir envers son pays, forgeant un héritage qui perdure bien au-delà de sa propre existence.
Dans les annales de l’histoire tunisienne, Abdelhafidh Mansour restera gravé comme un gardien de la mémoire et un bâtisseur d’avenir, dont le travail minutieux et la vision ont largement contribué à enrichir et à préserver le riche patrimoine culturel et scientifique de la Tunisie. Son legs est un rappel éloquent de l’importance de la recherche et de l’éducation dans la formation de l’identité d’une nation.