Le British Museum provoque la colère de la Grèce avec un défilé de mode devant les frises du Parthénon
Le British Museum a organisé samedi un défilé de mode devant les frises du Parthénon, ces sculptures antiques que la Grèce réclame depuis des décennies. Le choix du lieu a suscité l’indignation des autorités grecques, qui ont dénoncé un manque de respect pour ce symbole de leur patrimoine culturel.
Le créateur de mode Erdem Moralioglu a présenté sa collection automne-hiver 2024 dans la salle Duveen du British Museum, où sont exposées les frises du Parthénon, également appelées marbres d’Elgin. Il s’est inspiré de la chanteuse d’opéra grecque Maria Callas, qui avait interprété le rôle de Médée, la princesse grecque qui se venge de son mari infidèle en tuant leurs enfants, dans une production de 1953.
Les mannequins ont défilé devant les frises, qui représentent le cortège des Panathénées, la fête religieuse la plus importante de la Grèce antique, en l’honneur de la déesse Athéna, protectrice de la cité d’Athènes. Les frises faisaient partie du décor du Parthénon, le temple le plus célèbre de l’Acropole, construit au Ve siècle avant J.-C.
La ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a réagi dans un communiqué samedi soir, en accusant le British Museum de « ne pas avoir de respect pour les œuvres du sculpteur Phidias ». Elle a affirmé que « les responsables du British Museum n’humilient et ne dévalorisent pas seulement le monument archéologique, mais aussi ce qu’il porte comme valeurs universelles ».
Elle a également déploré les conditions d’exposition des sculptures, qu’elle juge dégradantes, et a réitéré la demande de restitution de la Grèce, qui considère que les frises ont été « pillées » par le diplomate britannique Lord Elgin au début du XIXe siècle, alors que le pays était sous la domination ottomane. Lord Elgin les a vendues au gouvernement britannique, qui les a transférées au British Museum en 1817.
Le British Museum, de son côté, soutient que Lord Elgin a agi légalement et que les frises sont mieux conservées à Londres qu’à Athènes, où elles auraient subi les effets de la pollution et des intempéries. Il refuse de les restituer, arguant qu’elles font partie du patrimoine mondial et qu’elles sont accessibles gratuitement au public.
Le différend entre la Grèce et le Royaume-Uni autour des frises du Parthénon dure depuis des décennies et a connu plusieurs rebondissements. En novembre 2023, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annulé une rencontre avec son homologue grec Kyriakos Mitsotakis, après que ce dernier a comparé la situation à celle de « couper le tableau de la Joconde en deux ».
La Grèce a ouvert en 2009 un nouveau musée de l’Acropole, où elle a réservé un espace pour accueillir les frises du Parthénon, en espérant convaincre le British Museum de les rendre. Elle a également reçu le soutien de plusieurs personnalités et institutions, dont le Vatican, qui a restitué en 2023 trois sculptures de marbre du Parthénon qu’il avait conservées pendant des siècles.
Un sondage d’opinion réalisé récemment par l’institut YouGov a montré que 53% des Britanniques sont favorables à la restitution des frises. Le défilé de mode de samedi risque de raviver la polémique et de renforcer la pression sur le British Museum.