Le film « Entre deux » a interpelé un débat législatif autour de la déclaration du genre des individus intersexués en Tunisie. Les salles de cinéma tunisiennes poursuivent la projection du film « Entre Deux » de Nada Mezni Hfaiedh, une œuvre explorant les défis rencontrés par les personnes intersexuées.
Au-delà de son succès à engendrer un débat social et humain en exposant les peines de ces individus confrontés à des obstacles personnels et sociétaux, le film suscite également une discussion juridique sur la possibilité de modifier l’identité et le genre. Dans ce cadre, le professeur de droit à l’Université Tunis Carthage, Wahid Ferchichi, a soulevé la question du vide absolue, dans les textes de loi en Tunisie, en rapport avec les individus intersexués comme s’ils sont inexistants.
En effet, une compagne de sensibilisation est lancée par le distributeur du film : Easy distribution qui cherche à expliquer à l’audience intersexualité car, comme attendu, beaucoup confondent l’intersexualité avec d’autres notions ce qui rend la vie de ses personnes encore plus compliquée.
A travers ses vidéos explicatives diffusées par la page officielle du film sur les réseaux sociaux fcb, instagram et Tiktok, Wahid Ferchichi a mis en lumière le fait que les intersexués ne sont pas abordés par la loi (de 1957) sont, formulant la nécessité que la législation tunisienne inclura ces citoyens et de ne pas les priver de leurs simples droits comme la santé, l’éducation et le travail.
Concernant la déclaration des personnes intersexuées, Wahid Ferchichi a souligné que cela se fait à travers des dossiers médicaux et est décidé dès la naissance.
Malgré le principe juridique du bien-être de l’enfant, selon lequel Seul prime l’intérêt de l’enfant, souvent les juges priorisent des aspects religieux et culturels.
Wahid Ferchichi affirme que, selon la loi tunisienne, les intersexués sont emprisonnés dans un corps et une identité qui leur a été attribués à la naissance ou lors de l’enregistrement.
Cette identité, des fois, ne correspond pas au choix de la personne qui évolue physiologiquement et psychologiquement, souvent, différemment.
Cela entraîne des problèmes psychologiques et augmentant le risque de suicide, avec un taux huit fois supérieur à celui des personnes ne souffrant pas de troubles de l’identité de genre. Il a signalé que la loi tunisienne refuse catégoriquement le changement de l’identité juridique ce qui expose les personnes intersexuées à de nombreux dangers puisqu’ils ont un prénom qui ne correspond pas à leur physique.
Autrement, leur identité juridique ne correspond pas à leurs corps, les rendant incapables d’étudier, de recevoir des soins, et les exposant à des arrestations sécuritaires. Il a également évoqué des cas de non-déclaration des naissances d’intersexués dans les registres de l’état civil, considérant cela comme une question grave et un crime.
La Convention des droits de l’enfant reconnaît le droit de l’enfant à l’identité et à l’enregistrement, soulignant qu’une décision du tribunal est nécessaire pour enregistrer l’enfant après dix jours de sa naissance.
Lors de l’enregistrement, il est nécessaire de déterminer le sexe, de préférence par le biais d’un médecin, car la justice ne se base que sur le dossier médical.
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