Colloque Derja, pour l’intégration du dialecte dans les programmes scolaires

Un colloque autour du dialecte tunisien, Derja, s’est tenu à l’Université Centrale à Tunis pour analyser les points forts de l’enseignement du dialecte tunisien.

M. Khaled Waghlani a pris la parole pour énumérer les avantages d’écrire et de lire la poésie en dialecte tunisien. Il a mis l’accent sur notre héritage et notre identité.

Il a expliqué que 90% du dialecte tunisien est alimenté par l’arabe littéraire et ajoute que le Tunisien n’a pas de conflit avec les langues étrangères.

M. Waghlani a rappelé l’origine du dialecte tunisien qui a comme racines la tribu de Beni Hilal.

Par exemple, « barcha » est un mot très répandu en Tunisie. Il s’agit d’un mot de l’arabe littéraire qui veut dire l’herbe abondante. Le mot « barcha » est le plus utilisé en Tunisie, contrairement aux autres pays arabophones, pour la simple raison que la Tunisie se distingue par ses terres agricoles et vertes.

Le dialecte tunisien est une langue facile et qui utilise les raccourcis, pour parler rapidement pour faire de l’économie linguistique. Même dans la prononciation, l’économie linguistique est appliquée, explique M. Waghlani.

Khaled Waghlani a dénonce la pollution linguistique. Pour lui, parler plusieurs langues en même temps, dans une seule phrase ne peut que porter atteinte à la langue maternelle.

En effet, le dialecte tunisien ou derja est une langue arabe avec des spécificités tunisiennes, c’est ainsi que M. Waghlani l’a défini.

L’objectif de ce poète et universitaire tunisien est de trouver une bibliothèque consacrée aux écrivains qui utilisent « derja » pour écrire.

L’universitaire et président du bureau A.I.S.L.L.I, Alfonso Campisi, est l’un des conférenciers qui a participé à ce colloque.

Il a réussi à introduire la langue sicilienne dans les écoles et universités. L’objectif est de tester la compréhension des élèves en se basant que leur dialecte et la langue italienne littéraire.

Pour cet universitaire, la langue maternelle participe à l’encrage de l’identité linguistique.

Le processus pour l’introduction de la langue sicilienne s’est fait en plusieurs étapes.

Il a rappelé que la langue sicilienne a été longtemps prise pour la langue des mafieux. Dans le passé, la mafia s’écrivait en sicilien pour que la justice ne comprenne pas les messages passés entre les clans des siciliens.

Selon des sondages, 90% des personnes âgées sont sicalophones alors que seulement 10% parlent l’italien littéraire.

A Palerme, la langue sicilienne n’est pas acceptée par la bourgeoisie cependant, une expérience a été faite sur 6 mois. Des élèves ont passé le même examen, le premier en sicilien et le second en italien (langue officielle).

Les collégiens ont eu moins de mal à apprendre et à interagir avec le sicilien qu’avec l’italien.

Hager Ben Ammar est l’auteure du livre « Parler tunisien Fissa ». Elle a enseigné le dialecte tunisien à des étrangers alors qu’elle étudiait en France.

De retour au pays, en Tunisie, elle commence à enseigner le dialecte tunisien à des diplomates, des personnes issues de mariages mixtes des hommes d’affaires et à des personnes amoureuses de la Tunisie.

Elle explique que les personnes qui sont prédisposées à apprendre une langue étrangères font preuve d’une ouverture d’esprit.

En apprenant derja, ces étrangers s’intègrent dans la société et comprennent la mentalité et notre manière de penser et de plaisanter.

Deux méthodes d’apprentissage s’adaptent aux personnes qui veulent avoir une session de cours accélérés ou des sessions longues.

Lors des sessions de cours accélérés, il suffit d’apprendre l’alphabet latin pour apprendre les mots

Quant aux sessions longues, l’apprentissage se fait progressivement à travers la connaissance de l’alphabet arabe, puis l’apprentissage des mots.

En 2016, Hager Ben Ammar a décidé, grâce aux conseils d’une amie, de faire un livre qui s’intitule « Parler tunisien fissa » pour aider à l’apprentissage du dialecte en quelques mois.

L’objectif de ce colloque est d’introduire le dialecte tunisien dans les programmes scolaires et ce pour aider les élèves à mieux comprendre les matières sans qu’il y ait l’obstacle de la langue officielle.

Partager
error: Content is protected !!