TUE-ness de Rossana Giorgia Gritti : Interview Exclusive d’une Écrivaine Passionnée

Dans un entretien exclusif, Rossana Giorgia Gritti, auteure de son premier recueil de nouvelles policières ‘TUE-ness’, nous plonge dans les profondeurs de son processus créatif, révélant les émotions intenses et les défis rencontrés lors de l’écriture de son premier roman policier. Elle a eu la gentillesse de répondre à nos questions.


Question : Pourriez-vous décrire les émotions et les défis que vous avez ressentis en écrivant votre premier roman policier ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« Aborder la description de mes émotions pendant l’écriture de mon premier roman policier est un exercice complexe. En effet, le processus créatif m’immerge dans un état quasi méditatif où je me dissocie de mon moi conscient pour laisser émerger une voix intérieure. Cette voix, presque autonome, narre et tisse l’histoire, opérant à un niveau d’intellect qui transcende la réalité tangible pour s’ancrer dans l’univers fictif que je crée.

Dans cet état, mes émotions personnelles s’estompent pour laisser place aux sentiments des personnages. Je vis leurs expériences, je me transporte dans les lieux qu’ils explorent et que je connais, et c’est là que réside la beauté de l’écriture : je ressens une gamme d’émotions qui, bien que nées de la fiction, sont ressenties avec une intensité palpable.

Lors de la relecture, je revisite ces émotions, les affinant et les approfondissant, ce qui me permet de peaufiner l’histoire tout en restant fidèle à l’authenticité des sentiments initialement éprouvés par mes personnages.


Question : Quelle est l’histoire derrière le choix du titre ‘TUE-Ness’ pour votre roman ? Y a-t-il une signification particulière ou un jeu de mots que vous souhaitiez explorer ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« L’inspiration derrière le titre ‘TUE-ness’ est née d’une suggestion de mon fils, et elle s’est épanouie en un jeu de mots riche de sens. ‘Tue’, tiré du verbe tuer en français, fait écho aux enquêtes policières qui forment l’épine dorsale du récit. ‘Ness’, signifiant ‘gens’ en arabe, évoque la dimension humaine intrinsèque à l’histoire. Ensemble, ils forment un clin d’œil à ‘Tunis’, la capitale de la Tunisie, pays auquel ce livre est dédié.

La Tunisie n’est pas seulement un décor, mais un personnage central de mon œuvre. De Tunis à Sousse, le roman parcourt diverses régions tunisiennes, tissant un hommage à leur richesse culturelle et historique. Le titre ‘TUE-ness’ encapsule ainsi mon amour profond pour la Tunisie, reflétant son rôle prépondérant dans le récit et son influence sur la trame de l’histoire. »


Question : Les auteurs mettent souvent beaucoup d’eux-mêmes dans leurs œuvres. À quel moment pensez-vous qu’il est essentiel de séparer l’auteur de la narration ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« Mon roman ‘TUE-ness’ se distingue par son caractère non autobiographique, bien que des échos de mon essence se retrouvent dans les traits de certains personnages, notamment dans l’âme du protagoniste, Rayan Ben Abdallah. Il est vrai que je partage certaines de ses qualités, ce qui crée un lien subtil entre ma personnalité et la sienne. Cependant, le récit lui-même demeure distinct de ma propre histoire.

Il est crucial, à mon sens, de maintenir une séparation entre l’auteur et la narration pour préserver l’intégrité de l’histoire. Néanmoins, il est inévitable que des fragments de mes expériences personnelles infusent le récit. Par exemple, l’inspecteur Ben Abdallah visite des lieux qui résonnent avec mon vécu, et dans la deuxième nouvelle du recueil, le périple des clandestins dans les semi-remorques fait écho à l’industrie de la confection familiale, avec une scène se déroulant dans une usine à Sousse.

Ces éléments ne sont pas des récits de ma vie, mais plutôt des connaissances et des impressions tirées de mon expérience qui enrichissent le roman. Ils apportent une authenticité et une profondeur à l’histoire, tout en restant fidèles à l’univers que j’ai imaginé. »


Question : Quels auteurs ou quelles œuvres littéraires vous ont inspiré lors de la rédaction de votre roman policier ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« Mon parcours d’écriture pour ‘TUE-ness’ ne s’est pas appuyé sur une inspiration directe d’auteurs spécifiques, mais en y réfléchissant, je dois reconnaître une admiration de longue date pour Agatha Christie. J’ai lu, étant plus jeune, les livres d’Agatha Christie. Je dois reconnaître que mon personnage, l’inspecteur Rayan Ben Abdallah, diffère nettement d’Hercule Poirot.


Question : Comment avez-vous construit l’intrigue de votre roman ? Avez-vous planifié chaque détail à l’avance ou avez-vous laissé l’histoire se développer naturellement ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« La construction de l’intrigue de ‘TUE-ness’ a varié d’une nouvelle à l’autre, reflétant une dualité dans mon approche créative. Pour la première histoire, je me suis abandonnée à l’inspiration du moment, me laissant guider par le fil narratif sans connaître l’identité de l’assassin jusqu’aux dernières pages. Cette méthode m’a permis de vivre la découverte en même temps que le lecteur, apportant une authenticité spontanée à l’enquête.

En revanche, pour les deux nouvelles suivantes, j’avais dès le départ une vision claire des coupables. Cependant, soucieuse de la cohérence et de la crédibilité de l’histoire, j’ai parfois pris la décision audacieuse de modifier l’identité de l’assassin en cours de route. Ce choix, loin d’être arbitraire, était dicté par le désir de surprendre le lecteur et d’offrir une résolution qui s’inscrive logiquement dans la trame établie. »


Question : Y a-t-il un personnage avec lequel vous vous identifiez particulièrement dans votre roman ? Si oui, lequel et pourquoi ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« Dans ‘TUE-ness’, deux personnages évoquent subtilement certains aspects de ma personnalité. Rayan Ben Abdallah, l’inspecteur, incarne avec nuance des traits que j’affectionne. Son intégrité et sa franchise, bien qu’exprimées avec fermeté, reflètent des valeurs qui me sont également familières.

D’autre part, le légiste Dr. Hugo est un personnage qui me touche profondément. Son isolement volontaire et sa communication limitée avec les autres, préférant la compagnie silencieuse des défunts, illustrent une facette de mon être. Il est brusque, certes, mais également introspectif et réservé, ce qui crée un contraste fascinant avec l’impulsivité de Rayan. Ces personnages sont des extensions de moi, bien qu’exagérées et adaptées pour servir le récit. »


Question : Comment avez-vous abordé la recherche pour votre roman? Y a-t-il eu des découvertes surprenantes ou des défis particuliers?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« La recherche pour ‘TUE-ness’ a été guidée par mon désir profond de partager mon amour pour la Tunisie. Mon but était de peindre un portrait du pays qui inciterait les Tunisiens à en être fiers et qui transmettrait aux lecteurs l’affection que je porte à cette terre.


Question : Quel message, s’il y en a un, espérez-vous transmettre à travers votre roman ?

Bien qu’il n’y ait pas de message explicite, j’aspire à ce que les lecteurs découvrent la Tunisie à travers les yeux de mes personnages, explorant ses paysages, sa culture et son peuple. Ce n’est pas tant un message que je veux transmettre, mais plutôt une expérience à vivre, une invitation à voir la Tunisie sous un jour nouveau, à travers le prisme de mon roman.

Le message que je souhaite véhiculer est lumineux, solaire, reflétant la chaleur et la richesse humaine de la Tunisie, tout en reconnaissant ses mystères et ses non-dits. »


Question : Avez-vous des rituels d’écriture ou des habitudes qui vous aident à rester concentrée et productive ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« Concilier travail et écriture est un véritable défi. Pour moi, l’aube est le moment où ma créativité atteint son apogée. Je me lève tôt, vers 5h30 du matin, et c’est durant ces premières heures que je trouve l’énergie et la concentration nécessaires pour écrire. Mon rituel est simple mais essentiel : je m’installe devant mon ordinateur, une tasse de bon café à la main, et je laisse les mots couler. C’est un moment de clarté précieux avant que la journée ne commence et que l’agitation ne prenne le dessus. »


Question : Quelle a été la partie la plus gratifiante de l’écriture de ce roman pour vous ?

Réponse de Rossana Giorgia Gritti :
« La gratification la plus marquante ne s’est pas produite durant l’écriture elle-même, mais plutôt à travers un échange des plus touchants. Lors d’un dîner, un monsieur, cuisinier de profession et ami de longue date, m’a confié avoir dévoré ‘TUE-ness’ en seulement quatre jours. Son enthousiasme pour le livre était palpable, surtout lorsqu’il évoquait les lieux mentionnés dans le récit, souvent oubliés ou négligés par les récits traditionnels. Savoir que mon œuvre a résonné avec lui, au point de susciter une telle réaction, a été pour moi un moment d’une immense satisfaction. C’est cette capacité à toucher les lecteurs, à éveiller en eux un sentiment de découverte et de connexion avec leur propre environnement, qui s’avère être la récompense ultime de mon travail d’écriture. »


L’interview avec Rossana Giorgia Gritti nous a permis de comprendre les mécanismes et les influences derrière la création de ‘TUE-ness’. L’auteure a partagé son approche de l’écriture, ses sources d’inspiration et la manière dont elle a tissé le cadre tunisien dans la trame de ses histoires. Elle a également évoqué les aspects pratiques de son processus créatif, comme ses rituels d’écriture matinaux et la manière dont elle a abordé la recherche pour son roman.

‘TUE-ness’ se présente comme un hommage à la Tunisie, offrant aux lecteurs une immersion dans la culture et les mystères du pays.

Un recueil à lire absolument !

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