Pour une valorisation du secteur pharmaceutique  

  « La santé est un droit pour chaque être humain », un droit fondamental reconnu par plusieurs instruments juridiques internationaux ratifiés par la Tunisie dont notamment l’article 38 de la Constitution de 2014.
Depuis le siècle précédent, l’industrie pharmaceutique s’est de plus en plus développée en Tunisie et tout un écosystème évolutif et performant a vu le jour au fil des réglementations et mesures visant à alimenter la croissance de cette industrie d’importance vitale aussi bien pour les tunisiens que pour l’économie nationale.
L’arsenal juridique régissant le secteur pharmaceutique en Tunisie n’a cessé d’évoluer depuis les années 90 avec la flexibilisation des procédures d’implémentation des laboratoires de recherche scientifique, le développement des sciences biotechnologiques, la création des unités de production privées et l’allégement des droits de douane, voire la défiscalisation de l’importation de certaines matières utilisées dans cette industrie.
C’est ainsi que la Tunisie est devenue une destination pour la fabrication des médicaments en sous-traitance pour les pays européens. D’ailleurs, elle exporte aujourd’hui vers plus de 35 pays, en s’imposant ainsi comme l’un des leaders africains en ce domaine, avec un tissu industriel de 32 unités de production, un taux de couverture en médicaments qui a dépassé en 2020 les 72% (3 médicaments sur 4 sont localement fabriqués), et plus de 9000 emplois. Certes, le bilan de ce secteur laisse à espérer en dépit des aléas et des crises multidisciplinaires que nous traversons.
Comment consolider donc les acquis, poursuivre le développement de cette industrie et y insuffler une nouvelle dynamique?  Où en est le projet de la charte de partenariat public privé dans les industries pharmaceutiques 2025? La Tunisie sera-t-elle en mesure de se rattraper, fabriquer ses propres doses de vaccins anti-Covid et rejoindre ainsi le Maroc et l’Egypte dans cette course acharnée pour la lutte contre le Coronavirus? L’industrie pharmaceutique sera-t-elle notre fer de lance dans les années qui viennent?
Si les résultats du secteur privé sont de plus en plus réjouissants, le problème de la pénurie des médicaments dans les hôpitaux et les pharmacies d’officine, le spectre de la faillite de la pharmacie centrale et l’éternelle crise des caisses sociales et particulièrement de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), et tant d’autres données alarmantes nous ramènent à la réalité déplorable, aux tracas que vit le citoyen et aux combats acharnés qu’il mène pour survivre.
 Le Tunisien jouit-il concrètement du droit à la santé ? Car faut-il le préciser quand on dit santé, on dit accès aux soins, mais aussi aux médicaments, à l’industrie pharmaceutique, et à la couverture sociale, dans un État constitutionnellement garant “de la sécurité et de la qualité des services de santé”, et donc de l’accès du citoyen aux médicaments.
Qu’en-t-il donc de la pénurie des médicaments en Tunisie? Quelles mesures à prendre et réformes à engager pour pallier aux difficultés que traverse la Pharmacie Centrale de Tunisie avant qu’elle ne rende son dernier souffle ? Les nouvelles dispositions controversées de la loi de finances 2022 peuvent-elles réduire l’ampleur de cette crise? Comment sortir de cette spirale négative de corruption et de trafic de médicaments? Et serait-il un jour possible de mettre fin à la détresse et aux calvaires vécus par les affiliés de la CNAM?
Si un diplôme national de Docteur en pharmacie, une licence de l’Agence régionale de la santé, un certain nombre d’habitants par délégation ou commune, un certain rang sur une longue liste d’attente sont exigés pour ouvrir une pharmacie en Tunisie, conformément à la loi n°73-55 du 3 août 1973, organisant les professions pharmaceutiques. L’ouverture d’une parapharmacie ne requiert pas autant de conditions à remplir, et échappe ainsi à numerus clausus. De bons contacts avec quelques laboratoires et peut être un site e-commerce dans le cas d’une parapharmacie en ligne et la procédure est bouclée.
Le nombre des parapharmacies en Tunisie ne cesse d’augmenter et la concurrence entre ce secteur porteur et fleurissant n’est pas toujours juste et légale, en l’absence de contrôle et de cadre juridique pour responsabiliser les acteurs de ce secteur et protéger le tunisien des risques éventuels liés à l’utilisation de ces produits.
Faut-il encore modifier la loi 73 organisant les professions pharmaceutiques? Les titulaires de diplôme national en pharmacie doivent-ils encore attendre leur tour, qui ne viendra peut-être pas, pour ouvrir leur pharmacie? Comment peut-on contrôler la vague des parapharmacies en Tunisie? Et quel régime juridique à adopter pour organiser ce secteur ?
Toutes ces questions et d’autres seront débattues tout au long de cette journée spéciale du 30 septembre 2022 de 7h00 à 19h00 sur les ondes d’Express FM avec les opérateurs du secteur, des entreprises, des représentants de l’Etat, des experts… Nous chercherons à la fois à expliquer, apporter des témoignages, des critiques constructives et des pistes d’amélioration des performances de la santé pharma en Tunisie.

Communiqué

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