La grippe aviaire menace les pingouins de l’Antarctique

Des chercheurs ont détecté pour la première fois le virus de la grippe aviaire chez des pingouins gentoo, une espèce rare qui vit sur le continent antarctique et les îles voisines. Cette découverte soulève des inquiétudes quant au risque de propagation du virus mortel parmi les colonies de ces oiseaux, mais aussi parmi les humains.

Une découverte inédite et préoccupante

C’est en janvier 2024 que des chercheurs du Comité scientifique pour la recherche en Antarctique (SCAR) ont trouvé environ 35 pingouins morts dans les îles Falkland, situées dans le sud de l’océan Atlantique. En analysant des échantillons prélevés sur deux des cadavres, ils ont confirmé la présence du virus de la grippe aviaire (H5N1), un type mortel qui a déjà causé des ravages chez les volailles et les humains dans le monde entier.

Selon le vétérinaire Ralph Vanstreels, qui travaille avec le SCAR, il s’agit de la première fois que le virus est détecté chez des pingouins. « C’est une découverte surprenante et inquiétante, car nous ne savons pas comment le virus est arrivé jusqu’ici, ni comment il va se comporter chez ces oiseaux », a-t-il déclaré.

Le gouvernement des îles Falkland a indiqué que de nombreux pingouins gentoo mouraient dans des circonstances similaires, et qu’il attendait les résultats des tests effectués sur d’autres espèces, comme les pingouins rocheux. Il a également annoncé qu’il se préparait à une épidémie à grande échelle de la maladie.

Un risque limité de transmission à l’homme

Les pingouins gentoo sont des oiseaux qui vivent principalement sur la péninsule antarctique, qui se trouve à environ 800 miles (1300 kilomètres) au sud des îles Falkland. Ils sont peu susceptibles de voyager entre ces deux régions, ce qui réduit le risque de propager le virus au continent sud.

De plus, le contact entre les pingouins et les humains est rare, car ces oiseaux sont protégés par des règles strictes qui interdisent aux touristes et aux chercheurs de s’approcher à moins de cinq mètres d’eux. Ainsi, le risque de transmission du virus à l’homme est considéré comme faible, mais pas nul.

« Nous devons rester vigilants et respecter les mesures de prévention, comme le port du masque, le lavage des mains et la désinfection du matériel, lorsque nous sommes en contact avec les pingouins ou leur environnement », a recommandé Vanstreels.

Une menace pour la biodiversité

Si le virus de la grippe aviaire ne représente pas un danger immédiat pour l’homme, il constitue en revanche une menace sérieuse pour la biodiversité de l’Antarctique. Les pingouins gentoo sont une espèce vulnérable, dont la population est estimée à environ 300 000 individus. Ils sont déjà menacés par le réchauffement climatique, la pollution et la pêche.

Le virus pourrait également affecter d’autres espèces animales qui vivent dans la région, comme les éléphants de mer, les otaries à fourrure ou les pingouins royaux. Ces derniers sont particulièrement exposés, car ils se rassemblent en colonies de plusieurs centaines de milliers d’individus, ce qui facilite la transmission du virus.

Les défenseurs de l’environnement appellent donc à renforcer la surveillance et la protection de ces animaux, qui font partie du patrimoine naturel de l’Antarctique.

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