El Niño et le Réchauffement Climatique : Un Duo Inquiétant pour des Records de Chaleur en 2024
Selon les prédictions de l’Organisation Météorologique Mondiale, El Niño, le phénomène climatique cyclique qui entraîne une augmentation des températures, pourrait faire son retour vers la fin de 2023. Combiné aux effets du réchauffement climatique d’origine anthropique, cela pourrait engendrer de nouveaux records de chaleur.
El Niño n’est pas un phénomène étranger ou anormal. Ses apparitions naturelles et irrégulières reviennent tous les deux à sept ans, et la prochaine est anticipée pour 2023. Selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) de l’ONU, il y a 80% de chances que le phénomène se forme d’ici fin septembre. Alvaro Silva, consultant à l’OMM, a toutefois souligné la nécessité d’attendre encore deux à trois mois pour obtenir une prévision plus précise.
Si cela se produit, El Niño succédera à une rare période de trois ans de La Niña, un phénomène climatique qui abaisse la température des océans et, par conséquent, celle de l’atmosphère terrestre.
Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM, a noté que, malgré ce « répit temporaire dans la hausse globale des températures », les huit dernières années ont été « les plus chaudes jamais enregistrées ». L’année 2022 a été marquée par de nombreuses catastrophes naturelles.
Martine Rebetez, professeur de climatologie à l’Université de Neuchâtel et à l’Institut fédéral de recherche WSL, a exprimé son inquiétude quant à l’impact cumulatif du dérèglement climatique anthropique, qui prévoit une augmentation de 3,8°C d’ici 2100, et du phénomène naturel d’El Niño. Elle prédit que nous allons enregistrer des températures moyennes plus élevées que jamais auparavant.
Bien que les variations de température dues à El Niño et La Niña soient généralement de quelques dixièmes de degré, Rebetez souligne que les hautes températures atmosphériques ont des effets dévastateurs sur la planète, entraînant des sécheresses, une augmentation des précipitations, des canicules, la fonte des glaciers, des glissements de terrain, et des crues soudaines. Elle affirme que ces phénomènes augmentent à mesure que les températures grimpent.
El Niño dure généralement une année, atteignant son pic en hiver avant de se calmer après l’été suivant. On pourrait donc commencer à ressentir ses effets à la fin de 2023, avec les mois de novembre et décembre potentiellement déjà touchés. Cependant, c’est principalement 2024 qui devrait subir l’impact majeur.
El Niño, surnommé « l’enfant terrible du Pacifique », est associé à la récurrence de catastrophes naturelles dans certaines zones du Pacifique, ainsi qu’à des résurgences d’épidémies de dengue et de choléra. Il a des effets dévastateurs dans des pays comme l’Australie, l’Indonésie, l’Amérique du Sud et jusqu’en Californie, causant sécheresse, feux de forêt, blanchissement des coraux et pluies torrentielles. L’Afrique du Sud est également affectée, tandis que l’Europe semble échapper aux impacts directs d’El Niño.
Cependant, Rebetez met en garde contre les effets globaux à long terme d’un El Niño anormal, notant que de grands incendies de forêt dans les régions tropicales peuvent affecter le climat mondial dans les années suivantes.
El Niño a une intensité imprévisible. Parfois plus fort et plus long que prévu, il existe un risque de voir émerger un « super El Niño ». Rebetez souligne que nous ne pouvons pas prévoir sa gravité avant qu’il ne se produise. Le phénomène le plus intense a été enregistré en 1998.
Rebetez explique qu’on ne sait pas exactement comment le réchauffement climatique anthropique pourrait amplifier El Niño. Cependant, il est évident que l’augmentation des températures dues aux émissions de gaz à effet de serre accentue le risque de phénomènes de plus en plus graves.
La dernière apparition d’El Niño, en 2018-2019, était de faible intensité. Cependant, des records de température ont été établis lors du phénomène de 2015-2016. Actuellement, les températures moyennes, sans El Niño, sont supérieures à celles enregistrées en 2018-2019, il y a donc un risque de voir un pic de température plus élevé que lors des précédents événements climatiques similaires.